- regratter
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1 ♦ V. intr. Vx Faire de petits bénéfices en revendant de seconde main. — Faire de petites économies en épluchant les comptes.2 ♦ V. tr. (1654) Gratter de nouveau, gratter la pierre de (un bâtiment) pour le nettoyer. Regratter un mur, une façade. ( N. m. REGRATTAGE .)⇒REGRATTER, verbeA. — Empl. trans. Gratter de nouveau; en partic. poncer, racler la pierre d'un bâtiment. En 1726, la Cène fut restaurée, et en partie repeinte par un artiste appelé Bellotti, et en 1770 elle fut regrattée et repeinte à nouveau (MÉNARD, Hist. Beaux-Arts, 1882, p. 52). En haut, les vieilles pierres sacrées prenaient un rose sans âge. L'on aimait croire qu'elles n'avaient jamais été regrattées, restaurées, remplacées par d'autres plus neuves, ni même rescellées (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 12).— P. métaph. Si dur que soit ce marbre (...) nos regards, nos sots regards y laissent et y reprennent incessamment, y mettent et y regrattent sans cesse une patine invisible (PÉGUY, Clio, 1914, p. 27).B. — Empl. intrans.1. Vx. Faire de petits bénéfices sur la vente de denrées de seconde main, et, en particulier, les restes des restaurants et des grandes maisons. (Dict. XIXe et XXe s.).2. Vieilli. Faire de petites économies en épluchant les comptes. C'est un homme qui regratte sur tout (Ac.). Sire, il m'eût été impossible d'arriver jusqu'à vous, si Mme la duchesse de Berry n'avait donné l'ordre à son banquier, M. Jauge, de me compter 6 000 francs. — C'est bien peu, s'écria le roi! Avez-vous besoin d'un supplément? — Non, sire, je devrais même, en m'y prenant bien, rendre quelque chose à la pauvre prisonnière; mais je ne sais guère regratter (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 229).Prononc. et Orth.:[
], (il) regratte [-
]. Ac. 1694, 1718: -ater; dep. 1740: -atter. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1484 « vendre au détail » (doc. ds Ordonnances des rois de France, t. 19, p. 513); 2. 1694 « faire de petites économies en épluchant les comptes » (Ac.). B. Trans. 1. 1538 « nettoyer, mettre à neuf une chose pour la vendre » (EST. d'apr. FEW t. 16, p. 372a); 2. 1675 archit. « nettoyer en grattant les pierres, la façade d'une maison » (WIDERHOLD d'apr. FEW, loc. cit.). Dér. de gratter; préf. re-.
DÉR. Regrattage, subst. masc. Action de regratter. a) [Corresp. à supra A] Comment aurait-il tenu [un soupçon d'Astier-Réhu] (...) devant l'explication toute naturelle qu'il donnait aux lapsus et aux regrattages visibles sur certains feuillets (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 219). b) [Corresp. à supra B] La vie est de moitié moins chère dans ce trou de côte, les étrangers partis; économie, ladrerie et regrattage (LORRAIN, Âmes automne, 1898, p. 115). — []. Att. ds Ac. dep. 1878. — 1res attest. a) 1660 « charge de regrattier » (Bail Gautier, 6 mars ds LITTRÉ), b) 1842 archit. (Ac. Compl.); de regratter, suff. -age
regratter [ʀ(ə)gʀate] v.ÉTYM. XIIIe; de re-, et gratter.❖———I V. tr.1 (1611; « remettre à neuf [qqch.] », 1538). Fig., vx. Repolir (une œuvre littéraire). || « (…) regratter un mot douteux au jugement » (Régnier, Satires, IX).2 (1675). Gratter de nouveau. — Gratter la pierre de (un bâtiment) pour ravaler. || Regratter un mur, une façade.———II V. intr. Fig., vx. Faire de petits bénéfices en revendant de seconde main. ⇒ Regrat, regrattier. — (1694). Faire des réductions, de petites économies en épluchant les comptes. || « C'est un homme qui regratte sur tout » (Académie). ⇒ Racler.❖DÉR. Regrat, regrattage, regratterie, regrattier.
Encyclopédie Universelle. 2012.